Les contes philosophiques de Jean Rigaud

Histoires Brèves

Bryan mon ami

A en croire l’Auteur, ces sept histoires brèves ne seraient que des transcriptions des histoires racontées par l’Oncle Bernard, qui lui avait fait « connaître et pénétrer l’univers des Îles de la Sonde, » qui était « l’ami de Bryan dont il [l’] entretint souvent, le rebelle sans emphase ni éclat, l’humaniste humoriste, ironique envers lui-même et le monde. »

On se demande, toutefois, jusqu’à quel point Jean Rigaud n’a pas investi Bryan des qualités récurrentes chez les héros de ses autres livres, doués pour faire des rencontres étranges, et qui parviennent généralement à surmonter les dangers auxquels ils sont confrontés.

Ou peut-être ne s’agit-il que d’une coïncidence, Bryan étant effectivement ce solitaire, ce « free-lance », qui puise en lui-même la force de poursuivre un chemin que personne n’a tracé pour lui, sans être, pour autant, étranger à la civilisation où il a de moins en moins sa place.

Le Temps qui passe

Le temps passe, de la moyenâgeuse « Dérive » à la contemporaine « Galerie », les civilisations évoluent, baignant chacune des neuf histoires brèves dans une réalité différente ; seul le danger est permanent, qui plane dans toutes sans être jamais clairement défini. Il n’est cependant pas inquiétant aux yeux des protagonistes qui l’acceptent sans éprouver l’angoisse que pourrait déclencher l’inconnu. De cette contradiction émane une étrangeté, un fantastique non agressif qui apparaît comme le milieu naturel de l’humanité. Tout se passe comme si Jean Rigaud voulait nous pousser à nous interroger : notre situation en ce monde n’est-elle pas empreinte d’ignorance face à l’invisible qui nous circonscrit de toutes parts, mais en même temps n’est-il pas impératif que nous fassions front pour nous le concilier et peut-être le pénétrer quelque peu ?